C’est
à l’aube, un samedi matin, que nous quittions la ville rose, à
cinq dans deux voitures bien pleines, pour le val d’Ossola, à
quelques 900 km et 10 heures de trajet, et plus précisément le gite
« rural » Alberobello au fond de la vallée d’Antrona ;
un ensemble de petites maisons en pierre plantées sur une pelouse
verte et douce au pied, la piscine alimentée à l’eau (et les
ragazze) de la montagne, un patron convivial et branché, une météo
prometteuse… tout était trop bien calé (au moins pour la
logistique). Et
l’équipe ? : petite donc, constituée de trois
encadrants dont un de classe présidentielle (Julien, Benoit et
Pascal) et de deux padawan (Lionel et Christian), elle nous permettra
de trouver l’efficacité aux moments les plus critiques (je pense
en particulier à la préparation des repas du soir et du lendemain à
des heures indues suite à des retours tardifs, ou aux essais
comparatifs du Nesson versus la belle cabresse)
Les
canyons : plan mûrement réfléchi en avant de phase, nous ne
voulions que le meilleur ! Le plan était donc de faire : -
Ogliana di Quarata, v5a4III, 3.2/4 -
Lasino, V3à4a3IV, 2.8 à 3.2/4 -
Variola, v5a5III, 3.5/4 -
Isorno, 3.6/4 -
Rasiga, V4a4IV, 3.5/4 -
Mondelli (médian), V4a4II, 3.4/4
Et
ce qui fut fait !
Dimanche :
Ogliana di Quarata Journée
annoncée de mise en jambe, nous partons sereins, vers les 8:30 pour
l’autre côté
de Villadossola. Le style de notre aventure (pour pratiquement toute
la semaine) se dessine rapidement : marche d’approche
hasardeuse tout autant que verticale (mais, sortie de l’on ne sait
où, il y aura toujours une bonne âme pour nous remettre sur le bon
chemin), décor somptueux de vasques et chutes d’eau sur un fond en
versant opposé de sapins et petits hameaux solitaires et
pâtes-tomates-coppa à l’huile d’olive à la pause de midi. DC
nous annonçait 4 à 5 heures de descente … nous dégusterons en
fait pendant plus de sept ; ravis tout autant que fatigués,
nous en tirerons plusieurs enseignements :
Mieux
vaut partir plus tôt, et ne pas forcément croire les topos
Nous
avions la capacité de faire de grosse journée
Nous
avions de la marge de progression
L’équipe
est en jambe, pas besoin de changer de braquet
Lundi :
Lasino On
se lève et partons tôt, dans l'idée de faire Mondelli, mais
(peut-être sous influence de l’expérience de la veille et un
positionnement douteux de la remontée sur corde de sortie du
tronçon inférieur), l’encadrement, dans sa grande sagesse (et vu
l’enthousiasme du reste de l’équipe), décide une
reconfiguration sur Lasino tout proche.
Au
bout de la route, une fois garés aux portes de Monteossolano
(village de montagne ou les gens remontent la grand-rue en marche
arrière, histoire de ne pas à avoir à faire demi-tour), et après
une marche d’approche des plus raisonnables, le canyon nous laisse
découvrir ses richesses et sa beauté ; 5 heures de plaisir, et
une équipe qui progresse bien. Nous sommes de retour au gîte à
l’heure décente et, qui plus est, prévue : une connivence
s’installe parmi certains encadrants. Mardi :
Variola La
grosse journée annoncée : on choisit l’approche par la rive
gauche (celle qui évite la navette) et qui grimpe raide, raide…
avant et… et encore plus après le mur de pierres sèches
remarquable : deux heures de souffrance, couronnées de deux
allers-retours sur le final pour trouver enfin le bon point de
départ. Pique-nique
au soleil et quart d’heure de sieste réparatrice avant d’attaquer
la partie supérieure, belle comme dans le livre : alternance de
cascades et de vasques émeraude creusées dans le granite blanc ;
l’équipe est affûtée et, enchaînant les rappels, parcourt cette
partie supérieure en un temps honorable (4h 30). C’est
sans hésitation, que nous enchaînons alors sur la partie médiane,
plus encaissée et aux rappels bien plus hauts, mais tout aussi
enthousiasmante. Nous en sortirons au bout de 3h supplémentaires,
heureux et oxydés. Nous rentrons au gîte pour mettre, cette
fois-ci, directement les pieds sous la table du restaurant du gîte …
sage précaution. Mercredi :
Isorno La
journée de détente :
nous lèverons le camp à 9:00 du matin, pour ce canyon immanquable
pour sa beauté et d’une durée bien plus raisonnable (2h00 sur les
topos). Mise en place de la navette et départ du petit village
d’Altoggio que nous visiterons de fond en comble suite à un débat
soutenu sur l’interprétation des signes du topo ; un
indigène, et par ailleurs chef de la patrouille locale de secours,
nous mettra finalement d’accord et sur le bon chemin à prendre,
nous enjoignant de prendre gauche puis gauche au bon moment.. Ce que
nous ne ferons pas du premier coup… Le
canyon du top 6 ne nous décevra pas : après un premier rappel
donnant sur un bief, le canyon s’encaisse et nous propose une
succession de 5 cascades toutes aussi belles les unes que les autres,
et dont une dont nous traverserons la gerbe d’eau. On sortira dans
les temps par le barrage (petite hésitation sur la grimpe des barres
rouillées plantées dans le mur du barrage, en se demandant comment
les pros pouvaient gérer une telle situation..) Retournés
au gîte aux alentours de 18h00, nous poursuivrons le débat
Martinique vs Guyane, puis nous nous ferons livrer les pizzas du
producteur local, dont la texture de pâte et l’uniformité des
garnitures nous amènera à réfléchir à la relativité
généralisée. Jeudi :
Rasiga supérieur et
médian C’est
l’avant dernière journée, et le groupe motivé et reposé part
tôt (très tôt) pour cette longue et belle course. Navette de
retour installée près d’un Ꙉ
remarquable, nous attaquons la marche d’approche quelque 9 km plus
haut, pour une deuxième fois en descente à travers une très belle
forêt, et cette fois-ci sans aucune hésitation, ni erreur ! Première
partie : successions de sauts et de toboggans pour la mise en
jambe, s’en suivent quelques encaissements assortis de beaux
rappels ; une brève pause à midi aura permis à l’équipe de
terminer cette première partie à une heure décente (15 h30)
et de décider d’un commun accord de poursuivre dans la partie
médiane, qui s’avérera (pour ma part en tout cas) encore plus
belle, du fait de son encaissement et de la beauté sombre de ses
décors… sombre d’ailleurs aussi le ciel qui, sur notre marche de
retour d’une grosse demi-heure nous rincera jusqu’à la voiture. Vendredi :
Mondelli
médian Pour
ma part le plus esthétique avec Isorno : une sensation de
verticalité et d’espace puisque tout le long de la douzaine de
rappels nous faisons face au versant opposé et sommes surplombés
par le sommet de la montagne. L’approche
se fait très rapidement (moins d’une demi-heure pour atteindre le
pont de départ) et nous nous payons le luxe de remonter un peu plus
en amont pour trouver un très beau toboggan d’ouverture suivi de
deux belles cascades. Après une succession de cascades et de vasques
suspendues, nous atteignons la passerelle de retour en quelques trois
heures ; pique-nique et retour à la voiture en moins de 10
minutes, un rêve ! La
dernière soirée fut l’occasion de faire la rétrospective de nos
sensations et de se féliciter d’une semaine bien pleine et sous le
signe d’un très beau temps.
Ce
qui était trop bien : Le
temps, les canyons, le cadre du gîte, la Team, les Italiens du coin,
les radars oranges (inopérants), la pizzeria (de Valdossola), la
clef de voiture mystérieusement retrouvée dans l’autre voiture,
les pâtes arrangées à midi Ce
que l’on peut peut-être oublier : Les
pizzas d’Alberobello, le guide-topo de Benoit, certaines
mains-courantes, l’eau chaude après la douche de Julien, une
montre et un shunt (perdus dans un canyon), la plaque de pub dans
l’Isorno (ferait mieux d’arranger la sortie au barrage)
Note
générale : 4/4 !
|