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Planning (pdf)

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Les secteurs

29/10-01/11/16 - Canyons de Vadiello
Écrit par Pierre   

A titre de préliminaire, plantons le décor du séjour :

  • Lieu : Caltilsabas
  • Gite : « Refugio El Pajar » avec une grande pièce de vie et un dortoir au rez-de-chaussée, des chambres pour les couples et les familles à l’étage.
  • Le petit plus : une cheminée et un propriétaire affable.
  • Le détail qui tue : un cadre photographique avec un papy nu en train de nourrir des vautours
  • Pour faire baver ceux qui ne sont pas venus, sachez que nous avons eu une météo magnifique. Au point de cuire parfois dans nos combinaisons. Un ciel bleu et une luminosité méditerranéenne. Un morceau d’été qui surgit début novembre.


Premier jour : Canyon de San Martin (2.1.IV)

La mise en bouche. L’apéritif. Le début de l’aventure.

Honnêtement, la suite a été tellement grandiose que les détails de ce premier canyon se sont déjà presque effacés de ma mémoire. J’ai honte d’apparaitre ainsi blasé, mais je dirais que c’était du classique « Sierra de Guara » : bonne excursion sur cordes, dans du gros paysage.

Mais, c’est ici que le groupe s’est vraiment construit :

Le boss : Jean Phi

Les encadrants : Fabien et Pascal (avec son sac présidentiel « Riviera-Monaco »)

Les équipiers et apprenants : William (organisateur) et Carine, Guerric et Lydia, Bernard, Laure, Lionel, et moi-même (Pierre). Chacun amenant son enthousiasme et sa propre histoire autour de l’activité.

Pour ce premier jour, Caro était resté au gite avec la petite Léa et sa mamie.

Les premières vannes fusent pendant la marche d’approche : on démasque les ronfleurs du dortoir, on déterre du passé des apéros sanglants au Bacardi. Ça chambre dans les couples, certains s’écorchent sur les buissons épineux. On s’échange des conseils.

L’équipe est prête, on peut changer de braquet.


Deuxième jour : Canyon d’Escomentué (4.2.III)

On nous avait dit : « un must dans la région ». Je confirme. Le site et la descente sont à couper le souffle. Et j’inclue la marche d’approche dans l’appréciation : vue sur le lac, une petite cheminée à escalader avec l’arrivée sur le plateau.

Le cœur du canyon, avec de grands rappels légèrement inclinés, permet de prendre la mesure du site assez sereinement.

Personnellement, je me suis retrouvé à poste dans un petit relais en bas de la descente et je ne me suis aperçu qu’en bas que j’avais cuit comme une saucisse dans ma combinaison. Mon visage coulait à peu près autant que le Canyon… De même, la nuque de Pascal avait pris la couleur du drapeau monégasque.

Un grand groupe et un Canyon qui se mérite : 10h30 d’effort entre le départ et le retour aux voitures. Timing parfait : le soleil s’est couché au moment d’enlever la combinaison. Pas besoin de se planquer pour se déshabiller.

Quelques Haribos pour démasquer les gourmands (tous, en fait) et retour au gite.

Arrivée tardive, pas de tarot ce soir. Dommage, on aurait bien pris notre revanche sur Fabien qui nous avait défoncé la veille… Remarquez, il est toujours préférable de laisser gagner les encadrants.

Le groupe tourne. On se sent bien, à l’aise dans les discussions, bien dans la pratique.

Le soir, Jean Phi annonce la couleur : demain, ce sera Lazas.


Troisième jour : Canyon de Lazas (6.3.VI)

Le topoguide était sur la table depuis le début du séjour. On sentait bien que c’était du lourd, du très lourd. Mais les indices de cotation, les vues en coupe, ça reste vaguement abstrait. On a confiance dans nos encadrants, les encadrants semblent avoir confiance en nous, alors on y va, on fonce.

On n’est quand même pas venu pour sucrer les fraises et faire des ronds dans l’eau dans des vasques à crapaud !

Maintenant, je peux confirmer, c’était effectivement du lourd. Du très lourd.

Comment décrire cet afflux d’émotions mélangées : concentration intense, peur, émerveillement, sensation collective de vivre quelque chose de rare ?

La suite de l’article va prendre un tournant plus personnel ; je vais essayer d’être sincère, de poser mon ressenti sur la table, en espérant que d’autres pourront s’y reconnaitre.

Commençons à l’avant dernier petit relais avant la rupture. Le groupe est passé, je déséquipe sous le regard bienveillant de Fabien, posté en bas. J’aime ces moments de calme : concentration, clic-clac des mousquetons, dernière vérification et c’est parti.

Mais, dans quelques minutes l’ambiance va changer.

Un peu de marche en rivière, un autre rappel.

Ensuite, on arrête les enfantillages : Pascal apparait dans un rétrécissement en forme de V. Il est à l’amarrage du premier relais sérieux. La terre a disparu. Plus de plancher, on est en lévitation.

A peine un petit repli de la falaise à gauche et des arbres riquiquis, vers le bas, sur une autre planète.

Dans le groupe, les visages sont graves, les regards plus appuyés. A quoi je ressemble à ce moment-là ? On s’en fout. Complètement. Bas les masques, on ne triche plus. Chacun fera de son mieux.

Pascal me tend la corde, je décompose mes gestes, je rassemble ma concentration. Je gère la corde. Puis, les fesses bien en arrière, c’est l’abordage.

Le début de la descente est un soulagement. Etre actif fait du bien. Et pourtant, c’est technique : une suite de surplomb. J’ai du mal à trouver le bon rythme pour limiter les à-coups... Et ça m’agace. On mesure la valeur d’une corde dans ces moments là.

Jusqu’à une voix calme, toute en maitrise. Fabien : « Pierre, il ne faut pas que tu descendes trop bas, on va préparer ton arrivée ».

Un regard entre mes jambes :

……

……

MAIS C’EST UN TRUC DE MALADE !

On atterrit carrément dans la lèvre extérieure d’une grotte, avec 200 mètres de vide par derrière.

……

……

Bon, respiration.

Je prends les consignes. Descente, doucement. Le bout de mes chaussures touche. Petit mouvement latéral, Guerric, Laure et Fabien m’attrapent. Plaf, au milieu du groupe : une embrassade générale à la mode Canyon. Dans les fumets des néoprènes.

On rassemble chacun nos membres, on repositionne les longes. Départ de Laure qui va aider Jean-Phi pour la suite.

On trouve notre place dans la petite grotte avec Guerric. Pendant l’attente, on quitte le mode actif et on récupère notre voix pour faire autre chose que la sécurité immédiate.

« putain les mecs, mais keskecèk’cetruc ». « un machin de dingoooooooo ». « Mais comment il a fait Jean Phi ? Il a attrapé la chaine d’amarrage par des passes magnétiques, façon Majax » ?

Arrivée de Lydia. Elle se marre, à l’aise.

Les deux amoureux se rejoignent, pour quelques minutes.

Départ de Guerric. Fabien veille.

Arrivée de Lionel. Il y est. Malgré son vertige. Chapeau.

C’est mon tour. Retour du mode actif. Je passe mes longes : clic puis clac. J’avance mes pieds. Concentré, focalisé, tendu : Fabien me parle, je n’enregistre pas. Mon cerveau ne gère que le court terme. Je me dirige vers mon but : l’amarrage. Avec la vague allure d’un opossum.

J’y suis. Je relève le nez. Je peux à nouveau entendre, prendre les consignes. Puis : départ sur la corde.

Les deux relais suivants sont moins chargés. Pendant la descente, on re-démarre linéairement ses fonctions supérieures. L’unité centrale reprend son fonctionnement nominal.

A un poste, je verrai fuser Bernard : le plus ancien aura enchainé les relais les uns après les autres. Le Canyon comme une glissade. Physique. La forme olympique.

En bas, on se retrouve à trois, longés à un amarrage, à la fin des difficultés. Avec Pascal et Bernard. Une réflexion fuse : « Un canyon qui a des couilles, non ? ».

Et le fou rire part, brusque, inarrêtable. On décharge. Trois gugusses, contre une paroi, qui se gondolent de rire. C’est un moment de partage, précieux.

On prend aussi le temps d’admirer la majesté du site. Verticalement, le canyon est un repli, une draperie dans une falaise orange et grise. Horizontalement, la falaise est découpée par de nombreuses stries qui sont autant de nids pour les rapaces.

Bilan de la journée : les équipiers sont passés. Les encadrants ont su gérer le groupe, Jean Phi a ouvert tous les relais. Respect, chacun a partagé cette aventure à la mesure de ses moyens.

En soirée, William nous a réservé un resto : on s’explose la panse en s’enfilant des pichets de bière au citron. Après ce vécu commun, les conversations sont faciles et naturelles. On parle plus librement de nos parcours, on échange nos histoires familiales.

Retour au gite et au dodo, le ventre repu.


Dernier jour : Canyon de Palomeras del Flumen (3.5/IV)

Ce canyon est un petit bonbon pour finir le séjour.

Ici, c’est de l’aquatique : des biefs, du ludique, de l’opposition au-dessus des remous. Pas beaucoup de hauteur, même si il faut poser quelques cordes.

On apprécie toujours ces Etrechos qui serpentent en profondeur.

Niveau d’eau nickel, pas trop glissant, totale maitrise.

Pour ne rien gâter, la marche de retour offre une vue magnifique vers la vallée.

Ensuite, eh bien, on se change, on remonte chacun dans nos voitures, pour retrouver le cours normal de nos vies.

Il restera les combinaisons à laver, le matériel à sécher et l’espoir de repartir bientôt…




 
 
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